Régulation émotionnelle
Je préfère parler de
régulation émotionnelle plutôt que de “gestion des émotions”.
Le mot gestion évoque
la maîtrise, le contrôle, la direction.
Or, il n’y a rien de plus imprévisible et incontrôlable que nos états d’âme.
Chercher à nier ou rejeter ce que l’on ressent peut même devenir dangereux.
Chaque émotion refoulée trouve refuge dans notre corps. Elle s’y dépose, silencieuse, mais jamais disparue. Elle attend, tapie dans l’ombre, le moment d’être entendue, reconnue, respectée. Dans nos sociétés occidentales, on sous-estime bien trop souvent l’impact des émotions sur la santé physique et mentale. Douces ou terriblement inconfortables, toutes les émotions ont une fonction. Elles sont comme des alliées fidèles : brutes, honnêtes, authentiques.
Apprendre à écouter son corps, c’est revenir à l’essentiel. Car c’est là, dans le corps, que tout se joue. Le mental peut mentir, rationaliser, se conformer… Le corps, lui,
ne triche pas. Il n’est pas influencé par les injonctions sociales.
Il est comme un enfant : vrai, pur, spontané. Et lorsqu’on apprend à l’écouter avec sincérité, on découvre un véritable pouvoir intérieur. Une boussole. Un phare dans la nuit.
Être à l’écoute de ses ressentis corporels n’est pas toujours confortable. Mais c’est cette honnêteté avec soi-même qui permet d’agir en accord avec ses besoins et ses valeurs profondes.
Réguler ses émotions, c’est
apprendre à respirer avec elles, à les accueillir, à leur dire merci.
Je parle bien de TOUTES les émotions.
La joie, nous est familière. Elle est légère, agréable, socialement valorisée.
Mais qu’en est-il de la colère ? Elle nous vide, nous bouscule, nous pousse parfois à bout… pour mieux nous protéger. Et pourtant, cette émotion est trop souvent réprimée. Parce qu’on nous apprend qu’il faut rester docile, calme, “raisonnable”.
La personne en colère est vite jugée, disqualifiée. Je rêve d’un monde où l’on prendrait le temps de comprendre la colère de l’autre, de chercher son origine… On réaliserait alors, souvent, qu’on se trompe de coupable.
La peur, elle, a pour fonction première de nous garder en vie.
La tristesse nous confronte à nos pertes, à nos manques.
Le dégoût nous aide à nous éloigner de ce qui ne nous correspond plus.
Et la sérénité nous ancre dans le présent, dans le calme retrouvé.
Apprenons à réguler plutôt qu’à gérer.
À accueillir plutôt qu’à fuir.
À honorer nos émotions plutôt qu’à les nier.